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Tourisme et culture entre Paris et le Mont-Ventoux
En 1983, le Mont-Ventoux nous arrachait Pierre Kraemer, dit « Le Gaulois » en raison de ses célèbres moustaches. Sa fin fut à son image : un défi sur lui-même. A 56 ans, malgré des ennuis de santé, malgré la neige recouvrant le sommet, il voulut une fois de plus “vaincre” le Mont-Ventoux à l’occasion de Pâques-en-Provence. Mais cette fois le géant de Provence aura été le plus fort.
Anticonformiste, épicurien, écologiste avant l’heure, sa façon d’être un peu spartiate dans la vie de tous les jours, contribuait également à le faire se réclamer des compatriotes de Vercingétorix.
Né à Antony (92), il entre en 1951 à l’UACP (devenue UAF depuis) et prend de suite une part active dans la société. Médaillé de la Jeunesse et des Sports, symbolique 30.000ème breveté Audax en 1971, il fut également l’un des membres fondateurs de l’Euraudax. Bien que cycliste avant tout, il fut un touche-à-tout du sport : Aigle d’or marche, rame, nage ; skieur ; décathlonien moderne ; adepte du patin à roulettes et sur glace ; super Audax complet n° 12 ; Audax complet n° 4.
Mais c’est bien à bicyclette qu’il réalisa « ses plus beaux exploits ». Il fut un des meilleurs capitaines de route de l’histoire des Audax. Sa pédalée de métronome faisait référence, assurant une progression sans heurts du peloton. Par sa « science » de la conduite il complétait les talents d’organisateur de Guy Bossière. Les brevets Audax en acquirent un prestige non démenti.
Il tâta avec un égal bonheur de la formule randonneur : plusieurs Paris-Brest-Paris, Léman-Méditerrannée, Diagonales, Calais-Brindisi, Tour de France randonneur, lauréat du BCN, Semaines fédérales…
Figure légendaire du milieu cyclo, son souvenir est encore vivace. Il mérite bien sa place au panthéon des Audax. Droit dans la vie comme dans le sport, son honnêteté intellectuelle faisait l’admiration.
Prenons la route pour lui.
Le bel itinéraire bucolique auquel l’UAF vous convie va vous conduire de l’Ile-de-France au géant de Provence. Auparavant vous aurez traversé trois parcs régionaux, vous vous serez délecté de paysages toujours changeants et aurez réalisé une ample moisson de BCN / BPF et de cols nouveaux souvent cachés dans la verdure. Mais prenez aussi le temps d’aller visiter ou observer les curiosités essentielles signalées par votre livre de route.
Si vous le voulez bien examinons en ensemble quelques particularités.
Quittant Paris, vous aurez prudemment reporté votre départ à Corbeil-Essonnes, soucieux de vous libérer des tracas de la circulation. D’autres au contraire auront à coeur de partir du parvis de Notre-Dame, lieu symbolique s’il en est. Ils suivront alors l’itinéraire proposé qu’il est convenu d’appeler « la coulée verte ». Au passage, allez vous recueillir quelques instants sur la tombe de Pierre Kraemer. Il repose au cimetière d’Antony – rue de Chatenay – dans la partie ancienne du cimetière place E 825 – La sépulture est dans une travée latérale de la section E, adossée à une haie plantée d’arbres qui borde l’allée centrale. Emportez au Mont-Ventoux un peu de l’atmosphère de son cher Paris qu’il parcourrait en permanence à bicyclette…
Vous voilà parti pour de bon cette fois… L’itinéraire eu pu être plus direct mais Bernard Mondon en a décidé autrement en 1984 choisissant de vous balader d’abord au coeur du Massif Central.
A peine aurez-vous parcouru 200 km entre Gâtinais, Beauce et vallée de l’Yonne – douce mise en jambes – que déjà se profilent dans le lointain, plein sud, les premiers contreforts du Massif Central. On pressent bien que bientôt, les premières difficultés, physiques, vont commencer et soyez-en sûr elles seront nombreuses.
Au prix de quatre efforts successifs, vous franchirez successivement quatre sous-massifs, vous élevant progressivement à près de 1.500 mètres d’altitude, dominant alors au col de Meyrand le fossé rhodanien qu’il va vous falloir traverser avant d’en découdre avec le Mont chauve. Ces premiers 750 km auront été une mine de sites plus pittoresques les uns que les autres. Ne manquez surtout pas de faire halte à Vézelay, au Puy-en-Velay, à la Chaise-Dieu… Mais tous mériteraient un long séjour de découverte…
A Pont-Saint-Esprit s’ouvre la porte de la Provence.
Puis au km 860 environ le moment sera venu d’en découdre avec le géant. Ne le brusquez pas il risquerait de vous en tenir rigueur !
Plus haute montagne isolée de l’intérieur de la France, majestueuse pyramide fouettée par tous les vents, le Mont-Ventoux (1) dans sa solitude blanche – de neige l’hiver et de pierrailles l’été – peut selon son bon vouloir se montrer accueillant ou détestable.
« Géant de Provence », il porte en lui les traits de caractère des Provençaux, eux-mêmes séduits par son mystère : généreux par le soleil qui inonde ses flancs une grande partie de l’année, par l’étendue et la beauté du spectacle au sommet ; excessif dans son effrayante aridité sommitale où seule règne la caillasse, dans ses pentes qui ne laissent aucun répit au grimpeur, dans ses étés torrides et ses hivers polaires ; loquace avec son mistral balayant sa crête : accueillant par les senteurs de cette végétation méditerranéenne qui l’entoure ; mystique enfin par la sensation d’altitude et les sentiments de solitude qu’il inspire.
Montagne versatile jusque dans sa flore, l’isolement et l’élévation conjugués font croiser sur ses pentes, où l’air est d’une pureté et d’une transparence sans égale, des espèces végétales habituelles dans des régions extrêmes :
« … au départ vos pieds foulent les touffes balsamiques du thym qui forment tapis continu sur les croupes inférieures. Dans quelques heures ils fouleront les sombres coussinets de la saxifrage à feuilles opposées, la première plante qui s’offre au botaniste débarquant en juillet sur le rivage du Spitzberg. En bas, dans les haies, vous avez récolté les fleurs écarlates du grenadier, ami du ciel africain ; là-haut, vous récolterez un petit pavot velu, qui abrite ses tiges sous une couverture de menus débris pierreux, et déploie sa large corolle jaune dans les solitudes glacées du Groenland et du Cap Nord comme sur les pentes terminales du Ventoux ». (2)
Haut-lieu du cyclisme, le Mont-Ventoux est le rendez-vous de nombreux cyclotouristes qui se lancent chaque année dans son ascension.
L’accès au sommet par le versant Nord, ainsi que par la route au départ de Sault aboutissant au Chalet Reynard, est très pittoresque. Toutefois, des trois voies permettant d’accéder à la cime, celle du versant sud reste certainement la plus renommée car la plus ancienne et surtout la plus spectaculaire, on dit aussi la plus rude. Construite en 1882, elle part de Bédoin à 296 m d’altitude pour rejoindre 21.6 km plus loin le sommet à 1.909 m.
Après avoir laissé de coté le joli village des Baux, cette route traverse Sainte-Colombe, puis Les Bruns. A partir du fameux virage de Saint-Estève, la pente s’affirme encore un peu plus et remonte la combe Rolland jusqu’à son origine. Là, abandonnant la compagnie des cèdres, des chênes verts, des pins sylvestres et des hêtres, un autre monde vous attend. Le Chalet Reynard dépassé, la route bifurque vers l’Ouest et poursuit son ascension à travers les étendues désertiques de caillasses blanchies par les éléments. Cherchant alors sa trace, la route, de méandre en méandre, de combe en combe, se fraye un passage vers le ciel. Au col des Tempêtes, brèche où les vents soufflent avec une violence inouïe, le sommet est tout proche. Son accès reste soumis à un ultime effort, et le dernier virage résume en lui toute l’intensité de la grimpée. 1.600 m de dénivelé en moins de 22 km vous attendent et certains doivent déjà comprendre…
Cet effort intense et soutenu est récompensé par la vision d’un panorama éblouissant. Du Mont-Blanc à la Méditerranée, des Monts-de-Vaucluse aux Cévennes, la vue s’étend sur un paysage unique par sa beauté, sa variété et son étendue : la plaine du Comtat est à vos pieds, le Rhône transformé en un mince filet argent : un peu plus loin, le Lubéron et les Alpilles moutonnent vers la mer ; derrière nous enfin, tous les grands sommets des Alpes semblent à portée de main.
Comme tout lieu exceptionnel, la joie de l’ascension et la beauté du spectacle peuvent se transformer en une véritable épreuve si la pluie et le brouillard sont de la partie. La difficile montée deviendra alors un exploit et le seul fait d’atteindre le sommet, une victoire.
C’est par n’importe quel temps que les courses cyclistes empruntent depuis 1935 les routes du Ventoux. Il fallut attendre 1951 pour que le Tour de France le franchisse pour la première fois au cours de l’étape Montpellier-Avignon remportée par Louison Bobet. Lucien Lazaridès y passa en tête, mais il fut rejoint dans la descente. Les concurrents l’escaladèrent ensuite de nombreuses fois.
Fidèle à lui-même, le géant, qui vit les exploits de certains, a fait subir à d’autres de dramatiques revers. En 1956, c’est Jean Malléjac qui s’effondre sous une chaleur torride. Eddy Merckx, en 1970, est placé en réanimation après avoir franchi le premier la ligne d’arrivée. Enfin c’est Tom Simpson, le champion du monde britannique qui s’écroule le 13 juillet 1967 à 2 km du sommet, mort. Enfin on pense à Pierre Kraemer, thème de notre randonnée…
Sachez aussi qu’Eric Caritoux, vainqueur notamment du Tour d’Espagne 1984 et de l’étape du Mont-Ventoux lors du Paris-Nice de la même année, est originaire de Flassan, petit village situé à quelques km de Bédoin, au pied même de la montagne.
Que la réputation du Mont-Ventoux, la beauté et la difficulté de l’ascension conduisent chacun à entreprendre un jour de gravir ses pentes. Peu importe le temps mis pour aller au sommet, car l’essentiel est dans la joie de la cime et dans l’émotion ressentie devant le spectacle des horizons immenses.
Bonne randonnée
(1) L’origine du nom « Ventoux » en provençal, provient soit du Celte « Ventop » qui signifie cime neigeuse, soit du latin « mont ventosus » en raison des vents violents qui balayent son sommet.
(2) Jean-Henri Fabre : « Souvenirs entomologistes »